Auteur d'un très bon match contre Grenoble, Stéphane Kakou, le jeune défenseur latéral de la Berrichonne, a découvert le football en Sologne. Discret, le long de la main courante du stade de Salbris, en ce samedi frisquet. Discret mais très concerné par le match de coupe du Centre qui oppose l'équipe solognote à la réserve de la Berrichonne. A ses gestes, à son sourire, on se doute que ce spectateur emmitouflé dans son anorak connaît bien les footballeurs castelroussins. Difficile d'imaginer, pourtant, que ce jeune garçon d'origine ivoirienne a joué la veille en Ligue 2. Encore moins qu'il a été le passeur décisif de la soirée, permettant à son équipe de remporter une victoire très importante face à Grenoble (1-0). La Sologne ? Stéphane Kakou y est en pays de connaissance. Toute sa famille réside en effet à Selles-Saint-Denis où il est venu passer les fêtes de fin d'année. Et le jeune défenseur latéral de la Berri n'a pas oublié d'où il vient. Car s'il a fait ses premiers pas à Guyancourt (Yvelines), c'est bien sous le maillot des Diables Rouges, et sous la coupe de Vincent Ruhnké, qu'il a véritablement découvert le football. En benjamins d'abord, en moins de 13 ans ensuite. A croire même que l'ancien entraîneur des DRS lui a aussi transmis une partie de son caractère. « On me reproche à juste titre d'être un peu trop timide et réservé », reconnaît le stagiaire pro de la Berri. “ On me reproche d'être un peu trop timide et réservé ” Après Selles-Saint-Denis, le petit Kakou passe une saison au SO Romorantin, à l'époque où un certain Ludovic Lidon est responsable de l'équipe des 13 ans. On le retrouve ensuite à Orléans, chez les 14 ans nationaux. Puis le jeune Franco-Ivoirien rejoint l'IFR Châteauroux et la Berri, le club phare de la région. Une ascension logique et constante. Attaquant à ses débuts, le Sellois se retrouve bientôt défenseur latéral. Une reconversion réussie puisqu'il est sélectionné en équipe de France 18 ans : « J'ai joué près de trois saisons avec l'équipe de CFA 2 de Châteauroux, dans un club ou l'ambiance est très bonne. J'ai compris que, pour m'imposer, je devais montrer un caractère plus ambitieux. » Sa patience et cette prise de conscience sont justement récompensées quand, voilà quelques semaines, il est appelé par Cédric Daury pour être titulaire en Ligue 2 contre Bastia. « J'avais déjà fait une apparition, la saison dernière, face à Tours. Mais, contre Bastia, c'était ma première titularisation ». Une première réussie puisque le timide Stéphane conserve sa place à Brest, puis contre Grenoble. Ce soir-là, il est même désigné comme l'homme du match – il a obtenu la note de 8 sur 10 – par nos confrères de l'Indre : non seulement il se montre intraitable en défense, mais c'est lui qui offre à Mathlouthi le but d'une précieuse victoire. « Je dois reconnaître que c'est facile de s'intégrer dans ce groupe. Tout le monde me soutient. » Sa rapide ascension va lui permettre de signer son premier contrat pro d'ici quelques mois et « ce sera sans aucun doute à La Berrichonne. » Bien qu'un club de Ligue 1 lui ait déjà fait les yeux doux, Stéphane Kakou n'est pas décidé à brûler les étapes. A 19 ans, malgré son apparence un peu frêle (1,74 m pour 69 kg), un bel avenir lui est promis. Bien loin de s'enflammer, il sait que la route est longue et semée d'embûches. Dans ce monde impitoyable, sa timidité pourrait finalement se révéler un atout pour éviter de choper la grosse tête, un mal qui a valu à quelques apprentis ambitieux de dévaler plus vite que prévu les marches qui devaient les mener vers la gloire. Le jeune homme discret, derrière la main courante du stade de Salbris, semble bien à l'abri de ce genre de piège. Correspondant NR, Dany Chamfrault.